Le Vanuatu est un tout petit état, tout juste 334 000 habitants recensés actuellement et répartis sur environ 80 îles. Avant son indépendance en 1980, le pays était administré conjointement par la France et le Royaume uni, une situation plutôt inédite qu'il fallait souligner. Et donc les habitants parlent l'anglais, quelquefois le français, le créole local : le bichelamar et aussi la langue de leur village.
Port Vila est la capitale de ce pays sur l'île d'Efate. La ville a subit un grave tremblement de terre en décembre 2024 et une partie de celle-ci est aujourd'hui fermée pour risques d'effondrement des bâtiments. On voit assez bien de la route les dégâts causés. La leçon de géographie est terminée, interro surprise la semaine prochaine !
En arrivant ici la première nuit, Carole a été accueillie de manière impromptue par un énorme scarabée noir et volant. Le scarabée n'est pas revenu, il a bien compris qu'il n'était pas le bienvenu !
Sur la seule journée passée sur cette île, nous avons loué un quad, nagé dans un lagon bleu, découvert une belle rivière entourée par la jungle et où de jeunes pêcheurs attrapaient des énormes crevettes d'eau douces avec un trident, et vu les rivages tourmentés de la mer de corail.
Sur le chemin du retour, grosse averse. A mi-parcours, grand soleil et nos vêtements étaient presque secs. On est arrivé quand même trempés à l'hôtel !
L'ambiance au Vanuatu est totalement différente de celle des Fidji, sans pouvoir vraiment exprimer cette différence. En tout cas, ici, quand quelqu'un croise ton regard cela déclenche instantanément chez lui (ou chez elle) un large sourire communicatif, comme si cela était inscrit dans ses gènes. Et ça on adore !
Nous sommes bien arrivés sur l'île d'Espiritu Santo, Alléluia !
C'était juste un vol "domestique". Dans l'aéroport de départ pas de contrôle de sécurité et tu déambules à ta convenance (ou presque) sur le tarmac pour monter dans l'avion. Le mec qui a enregistré nos bagages n'a rien voulu savoir et nous a fait payer l'excédent de poids selon le tarif en vigueur et ce malgré les plus de 7h de retard de l'avion. A l'arrivée les bagages sont distribués directement à partir du chariot des types préposés au déchargement des marchandises...
Mais tout s'est bien passé.
A la sortie de l'aéroport on tombe sur un chauffeur qu'on croit être un taxi, mais qui nous dit ne pas en être un, et aussi d'attendre un peu car il a une autre passagère à embarquer. Sur le chemin de l'hôtel je lui demande poliment s'il connait des loueurs de voiture et ça tombe bien car il peut me louer la sienne pour moins cher. En 5mn chrono on tombe d'accord concernant toutes les modalités de la transaction (il va de soi que je ne lui ai pas laissé l'empreinte de ma carte visa ni la copie de mon permis). C'est moi qui l'ai ensuite raccompagné chez lui après qu'il m'ait laissé sa voiture cabossée. Sur le court trajet il serrait les fesses sur le siège passager et me donnait mille conseils pour éviter que j'esquinte un peu plus son bébé de plus de 367 543 kms...
Grace à ce véhicule tout terrain, nous avons fait LA balade sur ce qui semble être la seule route goudronnée de l'île, avec quelques nids de poules par-ci, par-là.
Au retour on s'arrête coup sur coup pour embarquer 2 autochtones, ils ont été triplement surpris : d'abord par le fait qu'on les embarque, ensuite parce qu'on leur a dit de monter à l'intérieur du véhicule et non pas à l'arrière du pick-up et au final parce qu'on n'a pas accepté le paiement de la course ! Vive le Vanuatu !
Sur l'île de Lataro
Il pleut, il pleut, il pleut sur Espiritu Santo depuis notre arrivée. Les gens du coin disent qu'il y a 2 saisons au Vanuatu : la saison des pluies et la saison moins humide.
Sans cette météo pourrie, l'île de Lataro où nous sommes maintenant pourrait être aussi un coin de paradis.
Mais en vrai, c'est où le paradis ? Il y en a plusieurs des paradis ? Vous savez, vous ?
Denys est arrivé aujourd'hui d'Australie et semble être le gérant ou le propriétaire des lieux et je lui demanderais bien qu'elle est l'histoire de cette île. Il y a 2 villas en location, des communs, une villa pour Denys, ce qui semble être une exploitation agricole, des chevaux, des vaches, 4 chiens fous et chiants qui nous suivent partout et tout le temps, surtout quand c'est l'heure de la bouffe (et pour eux c'est l'heure de la bouffe tout le temps !). Il n'y a pas de réseau téléphonique, mais de l'internet par satellite, merci (ou pas d'ailleurs) M. Elon Musk et son réseau Starlink.
Dans un coin du jardin il y a des pierres tombales qui semblent être là depuis au moins le siècle dernier et derrière c'est le "bush". je suis parti hier dans le "bush" suivi par les chiens qui courraient partout et heureusement qu'il y avait un chemin tracé au bulldozer parce que sinon tu ne fais pas 3 mètres dans cette jungle inextricable. Je ne sais pas ce qu'il y avait au bout du chemin parce qu'au bout d'une heure j'ai fait demi-tour à cause de la nuit proche, et je suis arrivé trempé à la villa : la jungle est inextricable (déjà dit) mais surtout humide et chaude. Les bestioles de la jungle étaient sûrement prévenues de ma balade car je n'en ai vu aucune (à part 2 pauvres crabes de terre).
Quand nous sommes arrivés sur l'île par bateau avec Ruben, Anis et les 4 chiens nous ont accueillis chaleureusement (pour les chiens c'était probablement l'heure de la bouffe). Ici, comme aux Fidji, il fallait apporter sa nourriture si on voulait manger, car chacun le sait, il ne faut pas compter sur moi pour rapporter du poisson fraichement pêché à la maison ! Mais pour une fois la malédiction du pêcheur bredouille n'est pas arrivée sur l'île et j'ai attrapé un beau mérou croissant jaune qui paraissait délicieux. Je demande à Anis comment on cuisine ça et elle me dit d'emblée que le poisson est peut-être empoisonné (par la ciguatera) et qu'il faut le mettre sur le sable. Si quelque temps après il n'y a aucune fourmi, ou aucun insecte qui se balade sur le poisson c'est que c'est mauvais signe. Quelque temps après j'ai jeté le mérou à la mer et on a mangé des pâtes.
De la plage, à part la pêche, il y a 2 beaux récifs de coraux à droite et à gauche (à tribord et à bâbord pour les vrais marins). Les coraux sont superbes, mais ce qui surprend le plus est l'incroyable foisonnement de vie, ça grouille de partout et à tous les étages ! Un autre truc surprend aussi : le tombant à pic dans un bleu profond sans fond et où tu crois voir surgir à tout moment des grosses bestioles peu sympathiques (pour le coup j'ai beaucoup d'imagination). Ruben et Denys ont beau me dire qu'il n'y a que des petits requins de récif, quand mon regard se porte vers CE bleu ça me fout les chocottes (ou les pétoches si vous préférez), d'autant qu'à la pêche j'ai vu de belles carangues bleues à la chasse et d'énormes GT (carangues à grosses tête) que j'ai pas envie d'avoir au bout de ma ligne sous peine de casser tout le matos. Et quand il y a des grosses bêtes, on peut penser que ce ne sont pas les plus grosses !
Plage de Matevulu
Dès notre arrivée à Matevulu, une Néo-Zélandaise a eu la bonne idée pour son anniversaire de faire venir un groupe de musique local : "les water music Mamas". Leur talent est de faire de la musique en fouettant l'eau dans la mer. La meneuse de la troupe crie un truc en vanuatais et tout le monde s'exécute. On a appris plus tard que le truc était ce qu'elles allaient produire comme son dans l'eau : les vagues, le vent, la tempête, la pluie. etc...
Ça a l'air fastoche au premier abord mais quand on s'est retrouvé dans l'eau pour un apprentissage avec les Mamas, impossible de produire quoi que ce soit comme son ! J'ai bien failli péter dans l'eau pour m'aider un peu, mais je crois que dans le registre musical des Mamas il n'y a pas : "explosion dans une usine pétrochimique".
Ensuite nous avons enchaîné le kayak de mer, le paddle, la balade en pirogue dans un "trou bleu". Nous avons vu un dugong, des tortues marines et le soleil (pourvu que ça dure !).
A propos du paddle, Carole a un équilibre parfait et est bien plus douée que moi, mais surtout ne lui dîtes pas svp. Elle avance tranquillement sur les flots alors que je tremble comme une feuille pour conserver mon équilibre, ce qui ne m'empêche pas de me retrouver dans l'eau régulièrement. Elle me dit qu'il faut garder les jambes tendues, mais je crois qu'elle a un autre secret. L'autre secret est qu'elle est plus douée, point barre (!)
Ce soir 2 pêcheurs locaux attrapaient de petits poissons avec un filet sur leur pirogue en bois, près de notre bungalow. Les petits poissons devaient servir d'appâts pour la pêche au plus gros en pleine mer. J'ai proposé de les accompagner à la pêche en pleine mer, de leur donner de l'argent pour ça. Ils se sont concertés rapidement en me regardant comme un oiseau de mauvaise augure et ont décliné poliment l'invitation. Peut-être est-ce mieux ainsi : cela m'évite d'être immolé (après la pêche, forcément infructueuse) par la population locale afin de conjurer le mauvais sort !
Nous avons quitté avec une petite larme à l'oeil notre lodge à Matevulu où nous sommes restés 5 belles journées.
Gaëlle, jeune Française du Morbihan, est la propriétaire des lieux. Elle est sympa, enthousiaste, dynamique et a fait de ce petit lodge un endroit vraiment magnifique. Elle nous a choyé, aidé, conseillé pendant notre séjour durant lequel nous avons pu, entre autres, apprécier les excellents plats de Linda, que Matthew venait déposer dans notre coin frigo tous les après-midis; plats plutôt copieux qui nous permettaient allégrement de dîner et de déjeuner le lendemain, avec une mention spéciale pour le "butter chicken".
Mais avant d'abandonner Gaëlle, nous ne sommes pas restés les bras croisés à se rouler les pouces (ça c'est très compliqué à faire !). Grace à Gaëlle (encore elle) qui maitrise parfaitement son île, nous avons échappé aux centaines de touristes vomis d'un énorme bateau de croisière qui est resté sur Santo une journée. Une journée où il n'y a plus un taxi ou une voiture de dispo, où les centres d'intérêt tellement sympas sont noirs de monde, et du monde pas très sympa. Ainsi, en échappant à la multitude, nous sommes allés dans un nouveau "trou bleu", avec une approche un peu longue, à pied sous le cagnard, avant qu'on atteigne la fraîcheur (toute relative) de la forêt puis le "trou bleu" : quelle merveille ! L'eau est limpide, tout en nuances de bleu/vert au milieu des nuances de vert de la forêt.
Et pour terminer en beauté, Gaëlle nous a conseillé Max, un pêcheur local, pour un snorkeling sur l'île d'Aese au large de notre lodge.
Max vient donc nous chercher à 8h (car la marée descend) et on part vers Aese avec une petite houle dès qu'on est sorti du lagon.
A l'approche de l' île on voit de belles plages sur la côte protégée, cocotiers, sable blanc, eau turquoise, la totale, et je me dis que ça va être chouette.
Mais que fait Max ? Il passe devant les plages et se dirige droit vers la pointe de l'île face à la houle de l'océan. Là, il nous explique qu'on doit se préparer car on va bientôt devoir sauter du bateau pour un snorkeling "dérivant" et atterrir sur une plage qui nous paraît super loin. C'est une blague ! On a beau être pas trop loin du rivage, on va quand même pas sauter dans ce bleu noir d'encre comme en plein milieu de l'océan, et avec cette houle, et se taper un bon kilomètre en nageant !
Après avoir fait répéter une fois, deux fois, aucun doute, ce sont bien les consignes. Carole n' est pas franchement emballée mais se prépare quand même, et moi je me dis qu'on n'est sûrement pas les premiers à faire ça et je saute du bateau, suivi par Carole.
Et là, dès qu'on a mis le nez dans l'eau on a vite compris que le plus beau snorkeling du monde sur les îles Fidji était d'un coup relégué à la seconde place.
Max nous a récupéré tant bien que mal vers la plage, un peu inaccessible car sous l'eau c'étaient les coraux (et au nord, c'étaient les corons !), en luttant contre les vagues nous poussant vers le récif. Et en vrai malgré la fatigue on aurait bien palmé plus longtemps.
Après cette ultime expérience extraordinaire, nous laissons ce petit pays et ses habitants souriants, chaleureux, attachants pour partir en Australie. Petit pays qui a la particularité d'être classé "number one" (prononcez neum beurre ouane) des pays les plus dangereux du monde à cause des potentielles catastrophes naturelles : cyclones, tremblements de terre, tsunamis et autres volcans... Même pas peur !